55_2022-2023/41 - Recherche scientifique sur les bactériophages et les virus
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55_2022-2023/41 - Recherche scientifique sur les bactériophages et les virus
Auteur: Ignace Verfaillie
Il est demandé à la Chambre de stimuler la recherche scientifique sur les bactériophages et les virus.
Diese Initiative wurde beantwortet:
Lors de sa réunion du 4 octobre 2023, la commission des Pétitions a renvoyé cette pétition à la commission de la Santé et de l’Égalité des chances, au vice-premier ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique et au secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, adjoint au ministre de l’Économie et du Travail.
Réponse du vice-premier ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique (08/11/2023):
L'utilisation des bactériophages dans la lutte contre les bactéries résistantes aux antibiotiques a une longue histoire clinique en Europe de l'Est, et de nombreuses études occidentales récentes confirment son potentlel (1+2). Bien qu'il n'y ait pas encore de produits commerciaux sur le marché, de plus en plus de médecins considèrent les phages comme un remède aux infections incurables (1).
En Europe occidentale, la Belgique joue un rôle de pionnier. En 2016, l'AFMPS a délivré un avis scientificotechnique à l'Hôpital Militaire Reine Astrid (HMRA) concernant l'utilisation de bactériophages naturels (3). Cet avis stipulait que sur présentation d'un certificat d'analyse d'un laboratoire accrédité, les bactériophages pouvaient être délivrés sous la forme d'une préparation magistrale pour un patient spécifique. Ce système est unique en Europe et permet à notre pays d'acquérir un avantage de connaissances en termes de production et de formulation par rapport aux pays voisins. En Belgique, les produits bactériophages sont fabriqués au HMRA et le contrôle de qualité est effectué par Sciensano. Comme le souligne l'auteur de la question, la Géorgie dispose d'une solide expertise en la matière. À cette fin, deux scientifiques géorgiens ont été affectés en permanence au HMRA pour mettre en œuvre cette expertise.
Depuis 2018, quelque 115 patients belges ont été traités par cette méthode au HRMA pour différents types d'infections respiratoires, cutanées et osseuses. Une récente étude de synthèse des 100 premiers traitements par des experts de !'Hôpital Militaire Reine Astrid, a montré une amélioration clinique dans 77% de ces cas (4). Parallèlement à cela, deux autres conclusions importantes ont été tirées:
-le succès thérapeutique est plus probable lorsque les phages sont associés aux antibiotiques classiques. Les phages ne sont donc pas une alternative aux antibiotiques en soi.
-une très large gamme de bactériophages (personnalisés) est nécessaire pour augmenter les chances de succès de la thérapie. Pas moins de 26 phages différents ont été cultivés, testés et purifiés pour ces 115 patients.
Par ailleurs, la phagothérapie est désormais possible non seulement au HMRA, mais aussi dans divers centres universitaires tels que l'UZ Leuven. A ce jour, le coût des thérapies avec des bactériophages est entièrement supporté par l'HMRA, sans quote-part du patient.
La recherche pour trouver de nouveaux vaccins efficaces et sûrs est essentielle afin de limiter la transmission d'agents infectieux. A cette fin, la Belgique peut aujourd'hui compter sur deux nouveaux centres de recherche que sont Epiv (European Plotkin lnstitute for Vaccinology) et Vaccinopolis. Ces deux instituts rassemblent de nombreux experts de diverses disciplines afin d'apporter des solutions étudiées sous différents angles. Cette approche permet de tirer parti d'interactions et échanges de connaissances avec les différents acteurs et nous prépare à mieux faire face à une prochaine pandémie.
De plus, au niveau international plusieurs organisations échangent des données génétiques quotidiennement (5). Parmi elles, la base de données génétiques appelée GenBank est une collection annotée de toutes les séquences d'ADN disponibles publiquement (2). Elle fait partie de la Collaboration Internationale de Bases de Données de Séquences Nucléotidiques, qui comprend la DNA DataBank du Japon (DDBJ), !'Archive Nucléotidique Européenne (ENA), et GenBank au National Center for Biotechnology Information (NCBI). GenBank est conçue pour fournir et encourager l'accès au sein de la communauté scientifique aux informations les plus récentes et complètes sur les séquences d'ADN (2). Par conséquent, le NCBI ne pose aucune restriction sur l'utilisation ou la distribution des données de GenBank (2). En termes de chiffres, lors du dernier communiqué en septembre 2023, GenBank a annoncé avoir dans sa base de données les séquences d'ADN correspondant à 289.333.423 protéines et couvrant 141.099 organismes différents (6) dont des bactéries et des phages.
Cependant, une banque de phages est un outil qui se doit d'être dynamique et non pas figé dans le temps afin de sélectionner en continu des phages efficaces contre une bactérie pathogène (7•8•9). En effet, les bactéries évoluent constamment et développent rapidement des mécanismes de résistance, notamment contre les phages. De ce fait, un phage présent dans une banque de données qui est efficace contre une bactérie ne le reste pas ad vitam aeternam.
Les organisations internationales de santé prennent également la question des bactéries résistantes au sérieux et l'ont placé parmi les menaces prioritaires. De nombreuses mesures sont étudiées et mises en œuvre. La Belgique contribue à ces efforts avec un plan d'action national de lutte contre la résistance aux antimicrobiens et s'implique dans différentes collaborations internationales dont l'EU-JAMRAl-2 qui démarre en 2024. Dans le cadre de cette dernière initiative, elle participera notamment à un groupe de travail ayant pour but de présenter les avancées des pays européens sur la disponibilité des outils permettant de combattre efficacement les résistances des bactéries pathogènes telle que la phagothérapie et la vaccination.
1 Pirnay et al. Retrospective, observational analysis of the first one hundred consecutive cases ofpersonalized bacteriophage therapy of difficult-to-treat infections facilitated by a Belgian consortium; https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2023.08.28.23294 728vl .full.pdf
2 Saartje Uyttebroek, Baixing Chen, Jolien Onsea, Fred Ruythooren, Yves Debaveye, David Devolder, et al. Safety and efficacy of phage therapy in difficult-to-treat infections: a systematic review, The Lancet lnfectious Diseases, Volume 22, Issue 8, 2022, Pages e208-e220, ISSN 1473-3099, https://doi.org/10.1016/S 1473-3099(21)00612-5.
3 Pimay, J. P., Verbeken, G., Ceyssens, P.J., Huys, l., de Vos, D., Ameloot, C., & Fauconnier, A. (2018). The magistral phage. Viruses, 10(2). https://doi.org/10.3390/v 10020064
4 Pirnay et al. Retrospective, observational analysis of the first one bundred consecutive cases ofpersonalized bacteriophage therapy of difficult-to-treat infections facilitated by a Belgian consortium; https://www.medrxiv.org/content/l 0.1101 /2023.08.28.23294728vl .full.pdf
5 NCBI, "GenBank Overview - National Center for Biotechnology Information." Accessed: Oct. 20, 2023. [Online]. A vailable: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/genbank/
6 NCB1, "RefSeq: NCBI Reference Sequence Database." Accessed: Oct. 20, 2023. [Online]. Available: https://www. ncb i.n lm.nib. gov /refseq/
7 R. C. Lin, J. C. Sacher, P.J. Ceyssens, J. Zheng, A. Khalid, and J. R. Iredell, "Phage Biobank: Present Challenges and Future Perspectives," Current Opinion in Biotechnology, vol. 68. Elsevier Ltd, pp. 221-230, Apr. 01, 2021. doi: I0.1016/j.copbio.2020.12.018.
8G. Verbeken and J. P. Pirnay, "European regulatory aspects of phage therapy: magistral phage preparations," Current Opinion in Virology, vol. 52. Elsevier B.V., pp. 24-29, Feb. 01, 2022. doi: 10.1016/j.coviro.2021.11.005.
9 J. P. Pirnay et al., "The phage therapy paradigm: Prêt-à-porter or sur-mesure?," Pharmaceutical Research, vol. 28, no. 4. pp. 934-937, Apr. 2011. doi: 10.1007/sl 1095-010-0313-5.
Réponse du secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, adjoint au ministre de l’Économie et du Travail (04/12/2023):
En complément de la réponse donnée par mon collègue le Ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke le 8 novembre 2023 à votre pétition du 6 juillet 2023 concernant la lutte contre les bactéries phagiques et le développement de vaccins contre les virus, je souhaite également attirer votre attention sur le soutien que le gouvernement fédéral apporte à la plateforme BCCM, un consortium de collections de cultures microbiennes belges. Ces collections conservent des souches microbiennes et des données connexes, y compris des données sur la résistance aux antibiotiques et des séquences génomiques lorsqu'elles sont disponibles. Certaines de ces collections permettent également de tester l'efficacité des produits antimicrobiens. https://www.belspo.be/bccm. Je vous remercie pour vos questions et vos suggestions qui, une fois de plus, attirent notre attention sur ce sujet très important. Je peux vous assurer que le gouvernement fédéral partage vos préoccupations et les intègre dans les différents aspects de ses politiques.
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